
Qui se souvient du « coup d’Agadir » ? Un épisode de grande tension diplomatique entre la France et l’Allemagne qui faillit déclencher, trois ans plus tôt, la première guerre mondiale ? Qui se déroula ici, dans cette même baie, où désormais le touriste européen chasse la jeune prostituée et où il est chassé pour son argent; où tout le monde déambule son téléphone portable à la main, où les rêves, les vêtements et les slogans imprimés sur les tissus sont les mêmes que dans n’importe quelle autre capitale du monde. Ceux qui cherchent un sens à l’histoire doivent avoir bien du mal ici…
A l’issue de ce coup d’Agadir, la France, l’Angleterre et l’Allemagne se partagèrent un peu plus l’Afrique. Tu me laisses le Maroc, je te donne le Kameroun… Un repas pantagruélique réunissant émissaires, plénipotentiaires, hommes politiques et représentants de l’armée; de fines liqueurs dégustées dans les vapeurs de cigares rares, de dociles et zêlées servantes chargées d’assouplir les positions adverses même les plus rigides : derrière les conférences et réunions où chacun joue à fond son rôle et pousse son antagonisme jusqu’à la caricature, c’est certainement ainsi que s’est décidée et perpétrée la main-mise de l’occident sur l’Afrique. Entrainant la soumission, domination et négation non seulement de peuples mais de civilisations entières. Et de tant de richesses…