Il lui avait dédié ce poème,
tracé à l’encre d’améthyste
sur le parchemin d’un rêve.
Dans le jardin des offenses,
il y a un carré de terre
où poussent les plus belles fleurs
et les plus parfumées,
le carré de terre
des offenses pardonnées.
Dans le jardin des offenses,
dans le carré de terre
des offenses pardonnées,
parfois des mains se joignent
sous une offrande de ciel,
exauçant la prière
qui chuchotait à peine
sous le grand bruissement lent
des grandes ailes froissées;
Dans le jardin des offenses,
parfois des mains hésitent
parfois des mains se trouvent
parfois des mains se joignent
avec la délicatesse
de ces étoles de brume
qui couvrent la terre nue
aux premiers soleils chauds
d’une aurore de printemps,
parfois des mains s’ignorent
parfois des mains s’évitent
parfois des mains se frôlent
parfois des mains s’invitent
parfois des mains étonnent
parfois des mains surprennent
parfois des mains se trouvent
parfois des mains se joignent
parfois des mains se caressent
parfois des mains s’acquittent
pour ne plus revenir,
malgré toute la beauté
et l’air embaumé
des fleurs de silence
sur le petit carré de terre
des offenses pardonnées.
Le soleil s’était couché depuis longtemps.
Il tenait le parchemin tout au bout de ses bras,
haut vers le ciel,
vers la nuit peuplée d’étoiles;
chacune d’elle picotant d’un éclat de porcelaine fine
le tendre épiderme de vélin.
Par transparence, les mots se fondaient peu à peu
dans l’infini velours bleuté de la voûte caressante.
Et la lune était ronde, pleine et ample
comme un ventre de mère.
Et la terre était calme
dans l’attente sereine de son heure sacrée.
Cette heure allait venir.