Dans le jardin des offenses

Il lui avait dédié ce poème,
tracé à l’encre d’améthyste
sur le parchemin d’un rêve.
Le soleil s’était couché
depuis longtemps.
Il tenait le parchemin
tout au bout de ses bras,
haut vers le ciel,
vers la nuit peuplée d’étoiles ;
chacune d’elle picotant
d’un éclat de porcelaine fine
le tendre épiderme de vélin.
Par transparence,
les mots se fondaient peu à peu
dans l’infini velours bleuté
de la voûte caressante.
Et la lune était ronde,
pleine et ample
comme un ventre de mère,
et la terre était calme
dans l’attente sereine
de son heure sacrée.

Cette heure allait venir.

*

Dans le jardin des offenses
il y a un carré de terre
où poussent les plus belles fleurs
et les plus parfumées
le carré de terre
des offenses pardonnées

Dans le jardin des offenses
dans le carré de terre
des offenses pardonnées
parfois des mains se joignent
sous une offrande de ciel
exauçant la prière
qui chuchotait à peine
sous le bruissement lent
des grandes ailes froissées

Dans le jardin des offenses
parfois des mains refusent
ignorent et se détournent
parfois des mains hésitent
se cherchent et se rejoignent

Parfois des mains caressent
Et parfois elles acquittent

Et moi, dans ce jardin
où j’ai longuement peiné
dans la nuit de pierre froide
j’ai pu connaitre la grâce
du pardon de tes mains
déposées sur mon cœur

Et voir naître l’après

Un chemin neuf s’ouvrir

Pour ne plus revenir
malgré toute la beauté
des fleurs de silence
et de l’air embaumé
de ce carré de terre
des offenses pardonnées.