Jadis,
nous marchions sans peau,
dépossédés du choix.
Pour nous abriter des pluies battantes de ce monde,
nous n’avions d’autre refuge que l’oscillation —
entre le trop et le pas assez,
entre la dureté brutale et l’effritement silencieux,
entre la forteresse aveugle, laminaire,
murailles sans regard, sourdes et droites,
et le château de sable de nos grèves enfantines
que la mer reprenait avant la nuit.
Alors le bois vint —
cœur battant sous l’écorce,
muscle lent du monde.
Il nous prêta sa patience,
sa mémoire montante,
sa croissance offerte,
et nous tendit sa force,
en ronde chaleur d’un soleil restituée
— don que nous n’oublierons jamais .
Frères nous sommes, sous le ciel,
de toujours et pour toujours.
Mais le bois ploie.
Et meurt, un jour.
Il n’est que passage dans le grand temps des siècles.
Aujourd’hui, il nous est donné
de ressentir et bâtir autrement.
Une matière nouvelle appelle notre alliance :
clarté et puissance,
transparence sans faiblesse.
Voici que s’ouvre un autre seuil.
Le monde ne nous demande plus de ployer,
mais d’entrer debout dans la transparence.
Voici que vibre un chant plus pur :
le cristal —
force d’étoile silicée,
clarté sans concession,
vérité nue et nue encore.
L’éternité du cristal nous attend.
Il était temps.
Il est déjà temps.
Temps de naître de nouveau
dans la lumière qui ne s’offre
que pour mieux résonner.