Umaniti

Dominique Radisson, textes & poèmes

La millième mort de Wilhelm Reich

Wilhelm Reich en 1900

Dans le Libération de l’autre jour, j’ai lu un article qui traitait de l’exposition londonienne «The Institute of Sexology» retraçant l’histoire de cette science. En lisant ce passage j’ai bondi intérieurement :

Mais c’était sans compter sur le guide qui, avec un sourire narquois, nous invite alors à entrer dans une drôle de boîte en bois, dont l’intérieur est couvert de métal. Il s’agit du célèbre «Orgone accumulateur» imaginé dans les années 40 par le psychanalyste autrichien Wilhelm Reich. Sa théorie était qu’un peu de temps passé dans cette boîte permettait de libérer son énergie sexuelle interne. Le mieux, selon lui, était de s’y installer nu. La salle d’exposition se prêtant mal à une telle expérience, la plupart des curieux ressortent un peu frustrés de l’engin. Reich arguait que sa boîte permettait aussi de guérir un certain nombre d’afflictions, dont le cancer. Les Américains (il vivait et vendait ses boîtes aux Etats-Unis) ne l’ont pas cru, ont détruit son invention et ont envoyé Wilhelm Reich en prison où il a fini ses jours, en 1957

J’étais stupéfait. Faut-il qu’on lise encore au 21e siècle, me suis-je dit, ce genre d’erreurs grossières à propos de Reich?

J’ai un mélange d’admiration, de respect et d’affection mêlés pour Wilhelm Reich. Je ne sais pas si je me serais bien entendu avec la personne; ses défauts me sont presque sympathiques car j’ai l’impression de les comprendre lorsque je les replace dans le contexte de la vie d’un homme. Un savant magnifique qui fut systématiquement rejeté, parfois avec une violence extrême, de tous les lieux et toutes les instances où il se posa, en raison d’un refus total devant toute forme de compromis.  Je suis totalement convaincu que son œuvre est une contribution majeure pour l’humanité, et qu’elle sera un jour reconnue comme telle. Aussi, bien que je n’en fasse pas mission d’une vie, je me considère comme un relais, un transmetteur de sa pensée et de sa vision, que j’essaie d’appréhender avec la plus grande rigueur et honnêteté, ce qui est loin d’être facile tant elle est foisonnante et aborde de sujets d’analyse. C’est pourquoi par cet article je ressens le besoin de le défendre devant cette nouvelle manifestation stéréotypée d’ignorance à son égard, et de tenter d’agir sur cette ignorance pour la faire pivoter de son axe hydrique—si fortement planté dans l’imaginaire social—  et, peut-être, participer à son effondrement.

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